Disponible le 8 juin 2024

« Ajoute un battement d'ailes de papillon, et tu sauves la face du monde, Psyché. »

 

 

 

Extrait exclusif

 

 

Prologue

 

Aiôn ouvrit le Grand Livre du Temps. Il trempa sa plume dans l’encrier et écrivit dans la langue des Anciens :

Au début, il n’y avait rien. Rien que Quelque Chose. On aurait pu l’appeler Quelque Chose parce qu’à l’époque, il n’existait pas de « il » ou de « elle », il n’y avait rien. Et si Rien est quelque chose, alors peut-être était-ce Tout ? On aurait pu l’appeler Tout s’il n’avait pas été une béance sans fond. On l’appela Chaos. Chaos, ça sonnait bien.

Chaos existait depuis bien avant le Temps. Seul. Pas de couleur, pas de son, pas de matière. Pas même un Néant avec qui converser. L’Infini Rien du Tout. C’était bien ennuyant. Après ce qui lui sembla une éternité, Chaos eut une lumière – noire – et créa la Nuit aux ailes sombres et les Ténèbres au sein infini. Toujours pas de couleur, ni de son ni de matière, mais c’était mieux que Rien ! C’est difficile d’être un Grand Tout pendant un temps infini.

Et la Nuit inspira à Chaos l’idée d’un Autre qui ne serait pas corps éthérique, mais corps solide. Chaos trouva l’idée très bonne. Il créa alors Gaïa au vaste sein. Gaïa était faite de matières condensées sous forme d’énergie ; Gaïa était sa muse ; Gaïa fut la première « elle ». Et la Noire Nuit, bien inspirée, produisit un œuf sans germe et le déposa dans le sein des Ténèbres. Après un temps infini, l’œuf s’ouvrit, et en sortit Éros aux ailes d’Or.

Éros était cette force d’Amour qui donna l’impulsion à toute l’Énergie créatrice de Gaïa pour enfanter. Grâce à Éros, autrement nommé Phanès, naquirent le Ciel et les Montagnes, naquirent tous les éléments, les animaux. Naquirent la race des dieux et celle des hommes. Grâce à Éros naquit l’équilibre des forces entre l’Amour et le Chaos.

 

Éros regarda tout ce qu’il avait créé et tout ce qui se créait encore sous ses yeux, et cela lui plut. Chaos, quant à lui, était disons… dubitatif. Il n’était pas si mal tout seul, finalement.